Histoire
La commune de Montréal comprenait plusieurs hameaux dont La Cluse était le principal carrefour ferroviaire et routier à la fin du XIXe siècle, la Cluse prit une grande importance. A partir de 1960, le construction des lotissements de la plaine et de l’Ange fit de Montréal et de la Cluse, une seule et même agglomération. En conséquence, à partir du 1er janvier 1980, par décret du conseil d’état, le vœu officiel de la commune devint Montréal-la-cluse, mais son histoire est longue et significative.
Orindis
Un vicus gallo-romain existait au sud du bief du Landey-ron. Des fouilles entreprises par Emile Chanel en 1905-1906 révélèrent l’existence de deux belles demeures. Il en existait certainement d’autres.
Dans ce site Chanel découvrit, entre autres objets, de nombreuses poteries des monnaies (de Domitien à Valenti-nien : 364 à 375), trois balances en fer, des bijoux, des bronzes gaulois. Orindis fut probablement détruit par l’invasion burgonde.
Sénoches
Antérieurement et postérieurement à Orindis, existait au nord du bief de landeyron, un village celtique. Etait-ce un village de druides ? Après la destruction d’Orindis, Sénoches profita des ruines des riches maisons romaines.
Il est fait mention de cette bourgade en 1145 dans une bulle du pape Eugène 3 et peut-être dès 855 dans un acte de l’empereur Lothaire.
Montréal
Montréal est né de la volonté d’un puissant seigneur du Moyen Age : en 1170, Humbert de Thoire, par son mariage avec Alix de Coligny incorporait à son territoire Brion et Sénoche, puis Etienne de Thoire construisit vers 1 244-1248 sur un roc escarpé, au nord du château de Brion qui existait déjà, un château qu’il appela Montréal (Mons Regalis ; Mont Royal).
Il fit appel aux gens de Sénoches sans doute pour le construire, ensuite pour entourer le bas du rocher et leur accorda des franchises en 1287. En 1294, Montréal possédait déjà une école pour la formation des clercs. Il n’y eut bientôt plus qu’un curé pour les paroisses de Montréal et de sénoche et dès le XVi » siècle, Sénoches semble avoir été entièrement absorbé par Montréal.
Après deux siècles de lutte parfois sanglantes, avec les prieurs de Nantua, les sires de Thoire et Vilar, en la personne de Humbert VII, vendirent leurs terres de montagne au compte de Savoie Amédée VIII. Humbert avait perdu son fils unique en 1400 et subit en 1402 l’invasion du Maréchal de Vergy pour le compte de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne.
Après une première annexion en 1536, par François 1er et un retour savoyard en 1559, Montréal devint définitivement français par le traité de Lyon le 17 janvier 1601.
Le château féodal fut détruit en 1602 puis reconstruit pour faire face à la guerre des Comtois et finalement détruit en 1635.
Montréal gardait cependant ses attributions judiciaires sur Bellignat, Giriat, Groissiat, Oyonnax, Peyriat, Saint-Martin-du-Fresne et Volognat.
La seigneurie, après plusieurs vicissitudes fut cédée eri 1757 pour 60 000 L. par les héritiers de Bernard de Budé à Charles Joseph de Douglas, dont le fils Archambaud fut le dernier seigneur comte de Montréal.
La Cluse
La Cluse doit sa naissance et son développement à sa situation géographique au carrefour de voies de communication. Dès 1331 elle est citée dans une transaction entre le prieur de Nantua et Humbert V de Thoire et Villar, seigneur de Montréal, pour la délimitation de leurs domaines. On y parle de la Maladière de La Cluse ; ce n’était qu’un hôpital en quelques maisons dispersées sur la route des pèlerinages vers Saint-Jacques de Compostelle.
Au XVIIIe siècle, l’amélioration et le développement des routes royales entraînent à La Cluse, des relais, l’un au carrefour des routes Lyon-Genève et Genève-Bourg, l’autre sur la route La Cluse-Saint-Claude. Cette situation privilégiée profita ensuite de la création des voies ferrées et de l’installation d’une gare au croisement de deux lignes. La Cluse devint ainsi un centre commercial rural qui permit l’installation d’une fabrique de soiries (qui exista jusqu’en 1914) puis en 1917 de l’usine Rolland (menuiserie industrielle).
Tout cela était les prémices d’une large zone industrielle et d’habitations qui relie maintenant La Cluse à Montréal.
Par contre, après cinq siècles d’abandon,
Quand le nom de la commune devint officiellement Montréal-La Cluse
L’histoire de la commune de Montréal remonte déjà à quelques siècles.
En 1235, le sire de Thoire et de Villars, Etienne II épousa Béatrice de Faucigny qui lui apporta en dot le territoire et le village de Sénoche, se trouvant à l’orient de Montréal. Dans l’intervalle de 1244 à 1248, Etienne II fit édifier le château féodal de Montréal, sur un sommet particulièrement abrupt. Son élévation lui fit donner le nom de « Mons Régals » (Mont Royal) dont on a fait Montréal.
Le nouveau village de Montréal fut construit autour de la forteresse par les habitants du village de Sénoche, et prospéra très rapidement, à tel point qu’une école existait déjà en 1294 pour former des clercs. Après les croisades de 1252 et 1270, une maladie terrible, la lèpre, fut importée dans nos régions par des croisés. Pour lutter contre ce fléau, un asile fut spécialement-consacré aux malades dans des bâtiments construits dans un lieu inhabité où il était défendu de pénétrer, d’où le nom de La Cluse (de « clausus », fermé). C’est donc à une léproserie que le hameau de La Cluse doit son origine.
La Cluse devient ainsi un hameau de Montréal ; vers 1750, il n’existe pas encore de maisons autour du carrefour de quatre chemins.
En 1769, six maisons donnent une toute première ébauche à l’agglomération de La Cluse.
Depuis, après un grand développement. La Cluse est devenu un grand quartier de Montréal. La commune a conservé son nom de Montréal et cette survivance du passé pose de sérieux problèmes dans différents domaines.
Il est fréquent que des lettres destinées à des habitants de Montréal/Ain soient acheminées dans les différentes communes de France portant le même nom, et parfois même détournées à Montréal/Canada. Là confusion est fréquente entre La Cluse et Cluse (Haute-Savoie). La recherche d’un abonné sur l’annuaire du téléphone se révèle très difficile. La présentation de l’annuaire fractionne en deux parties, la liste des abonnés, l’une . sous la rubrique « La Cluse », l’autre intitulé « Montréal ». La découpe n’étant pas géographique.
De plus, dans l’esprit de beaucoup, La Cluse est une commune et on y recherche en vain la mairie. Toutes ces considérations ont conduit le conseil municipal à décider en sa séance du 8 janvier 1979 d’effectuer une démarche en conseil d’Etat, afin que le nom de la commune devienne Montréal-La Cluse.
C’est avec satisfaction que la municipalité a pris connaissance de la notification qui a été faite à M. le Maire de Montréal. Par décret du 31 décembre 1979, paru au journal officiel du 9 janvier 1980, la commune de Montréal prend désormais le nom de Montréal-La Cluse.
HISTOIRES ET LEGENDES DE CHEZ NOUS par M. JEAN CHAVEYRON
Jean CHAVEYRON, professeur titulaire de sciences à l’école supérieure de Commerce après avoir été un brillant élève du lycée de la MARTINIERE, a séjourné dans la maison de son grand-père à CREPIAT dans un charmant petit manoir.
Passionné d’histoire locale, il a écrit de nombreux ouvrages et nous vous livrons ci- après la légende qu’il a bien voulu nous conter dans sa publication de 1977 :
L’histoire par laquelle débutera mon propos n’est qu’à demi-légendaire pour autant que ses personnages ont bien et bel existé il y a quelque deux cent soixante ans.
Ils demeuraient à CREPIAT dans la maison que j’habite aujourd’hui.
En ce début de l’année 1665, les habitants de MORNAY et des hameaux voisins vivaient dans la terreur, n’osant sortir de leurs maisons.
Un ours d’une taille monstrueuse avait fait son apparition dans le pays et faisait des ravages épouvantables, dévorant vaches et moutons.
Pierre BUTAVAND, de NURIEUX, avait vu l’empreinte de ses pas.
Gustave CHAPON de NAPT avait vu depuis la lucarne de son grenier sa tête grosse comme la cloche de la paroisse.
Cela ne pouvait durer.
On décida d’aller trouver les frères BERCHET de Crépiat, deux vieux garçons dont on connaissait la réputation d’habiles et de courageux chasseurs.
Et c’est ainsi que le 2 Février, jour de la Chandeleur où l’ours rentre dans sa demeure, les BERCHET ayant chargé leurs mousquets et glissé un grand couteau dans leur ceinture se présentèrent à l’entrée de la grotte de « bovâté » à quelques centaines de mètres du village de NAPT.
Un grognement sourd venu du fond de la caverne les accueillit. L’ours était là. Sans hésiter les deux frères pénétrèrent dans la grotte. Ils ne devaient pas en ressortir. Des jours se passèrent sans qu’on osât approcher de la caverne. Au bout d’un mois l’ours n’ayant pas reparu, on se hasarda à pénétrer dans l’excavation. On retrouva seulement les ossements des malheureux chasseurs, leurs fusils déchargés et la poignée de couteau de chasse de l’un deux. Quant à l’ours, on ne sut jamais ce qu’il était devenu.
Voici maintenant la réalité révélée par Joseph BRANCHE, notaire royal:
les deux premiers n’étaient point ces vieux garçons de la légende, mais deux jeunes gens fils de Pierre BERCHET, greffier.
Le samedi 6 janvier 1717, informés qu’un ours et ses oursins avaient élu domicile dans une grotte à NAPT, ils s’y rendirent avec un groupe de jeunes gens.
Ayant mené grand tapage à l’entrée de la caverne sans résultat, ils y retournèrent le lendemain, y jetèrent bois et paille enflammés et en bouchèrent l’orifice.
Enfin, le lundi 8 janvier, les frères BERCHET et TAVENNE, armés de quatre fusils ayant chacun en main une chandelle éclairée descendirent dans la grotte.
Ils ne devaient pas en ressortir vivant, non point qu’un ours hypothétique les eut dévorés, mais asphyxiés par l’infection du mauvais air de cet antre, causée par la fumée du jour précédent combiné avec cet air souterrain où l’on affirme qu’il y ait soufre et salpêtre.
Où se trouve la grotte tragique ? Nul ne le sait aujourd’hui. Et si le cœur vous en dit,
Recherchez la plutôt dans la grande falaise du grand rocher de VERS.
CONTES ET LEGENDES, extraits de l’ABEILLE DU BUGEY ET DU PAYS DE GEX
(L’ABEILLE DU BUGEY DE 1898)
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est bon de relire la Bible : quarante jours après le déluge, Noé ouvrit la fenêtre de l’Arche et mit dehors un corbeau qui ne revint pas.
Sept jours après, il envoya une colombe, qui n’ayant pas trouver où poser le pied, revint dans l’Arche.
Envoyée à nouveau après sept autres jours, elle revint vers le soir, portant dans son bec un rameau d’olivier.
Mais où donc avait disparu le fameux corbeau?
EH BIEN, EN VOICI LA REPONSE
Tout se passe à MONTREAL ou presque.
Ce corbeau était plus gros qu’un dindon.
Habituellement, il se tenait sur les bords du LANGE, ne se dérangeant pas trop pour livrer passage aux pêcheurs à la fouine, qui ont toujours été fort nombreux sur les bords de cette rivière limpide, dont il est parlé dans les livres anciens: limpida LENGIS acqua.
Les grands-pères des grands-pères des plus vieux habitants de MARTIGNAT, de MONTREAL et des bourgs voisins se souvenaient d’avoir toujours vu ce corbeau, qui fréquentait, le jour, les environs du MARTINET, pour se retirer la nuit, du côté du COULOUP.
Les récits les plus invraisemblables, les légendes les plus fantastiques couraient sur le compte de ce corbeau phénoménal; mais, d’après la version la plus accréditée, cet oiseau n’était autre que ce corbeau lâché par Noé, du haut du mont Arasat, pour savoir si l’arche et ses habitants en avaient fini avec le déluge universel.
Du reste, ce patriarche des oiseaux défiait la rigueur des hivers, les pièges, les flèches et la poudre; puis aussi, on avait fini par le laisser en paix, parce qu’on avait remarqué qu’il était arrivé malheur à tous ceux qui s’étaient attaqués à lui.
Les siècles se succédèrent, les générations disparurent pour faire face à de nouvelles générations, et le Mathusalem des oiseaux vivait toujours, quand arriva ce que vous lirez plus loin, et qui est une histoire étrange !
Un soir du mois de Janvier, aux environs de la Saint Antoine, de l’année 18.., plusieurs amis achevaient de souper au PONT D’ARCOLE, auberge justement célèbre dans le NANTUA de jadis.
Comme le souper avait été exclusivement composé de gibier, les convives parlaient des bêtes passant généralement pour être comestibles.
Un vieux négociant prétendait que le chat a de nombreux rapports avec le lièvre; un jeune officier disait que du chien au cochon, il n’y a que la distance d’un préjugé; un troisième enfin soutenait mordicus que les plus maigres des rats d’égout sont préférables aux plus grasses mauviettes.
– Messieurs, interrompit un chasseur, si vous n’avez pas mangé du corbeau bouilli et si vous n’avez pas bu son bouillon,, vous ne pouvez raisonnablement discuter des bonnes et des mauvaises choses.
– Est-ce donc si délicieux, votre corbeau? demanda quelqu’un.
– Excellent, vous-dis-je!
– Mais, vous qui êtes chasseur, vous devriez bien en tuer un! Ne serait-ce que pour donner lieu à un pique-nique.
L’idée fut approuvée à l’unanimité.
On décida de festiner le jour où le Nemrod mettrait à mort un ou plusieurs corbeaux.
– Un moment, Messieurs, conclut le chasseur.
Vous savez que le corbeau demande à geler huit jours et huit nuits durant avant d’être mis au pot au feu: vous attendrez donc huit jours après ma chasse.
– ADOPTE! dirent les convives.
Quelques jours après, le Nemrod du PONT D’ARCOLE revenait d’une battue des hauteurs de BUSSY, où il avait perdu la chasse.
Dépité et en colère, il descendait au MARTINET, lorsqu’il aperçut, fouillant gravement les crottes éparses sur la neige, le vieux corbeau, le corbeau de l’Arche, le Mathusalem de la gent ailée.
Le chasseur n’était pas superstitieux; cependant toutes les histoires sinistres qui couraient sur le compte de cet oiseau lui passaient par la tête, lorsqu’il se rappela fort à propos qu’une balle de cuivre était enfouie au fond de sa gibecière, balle que son grand-père avait fait bénir à la chapelle de MAZIERES EN VALROMAY, pour tirer spécialement sur les bêtes enchantées.
Le chasseur enleva les chevrotines qui garnissaient le coup droit de son fusil et glissa à leur place, la balle propre à conjurer les maléfices.
Le corbeau de l’Arche ne se doutait guère de ce qui l’attendait.
Il marchait gravement, s’arrêtant parfois comme pour s’assurer d’où soufflait la bise.
Mais au sifflement du vent, se mêla le sifflement de la balle… et le corbeau tomba raide mort sur la neige.
Nous l’avons dit, le chasseur n’était pas superstitieux, et cependant quand il vit cette bête fameuse étendue sur le dos, les pattes en l’air et la queue en éventail, il resta un instant sans oser la toucher; puis il songea au dîner projeté, chargea sur son épaule tellement il était lourd, et parvint à NANTUA, non sans avoir étonné, par le récit de son exploit, les paisibles population de LANDEYRON ET DE LA CLUSE.
En ce temps-là, il faisait justement très froid.
Le corbeau fut pendu à l’une des fenêtres du PONT D’ARCOLE et vu sa grosseur, on attendit quinze jours pour qu’il fut complètement gelé avant de le livrer à la marmite.
Le quinzième jour, au matin, on prépara le pot-au-feu, mais quand il fut question de plumer le corbeau, les plus hardis se récusèrent; les plumes tenaient tellement à la peau qu’il était impossible d’en arracher une seule.
On mit le corbeau tout emplumé dans la marmite.
Le soir, il était aussi dur que le matin; six mois après, il était aussi coriace que six mois avant.
Les soupeurs, comme les vestales (prêtresses) antiques, se relayaient pour entretenir un feu éternel sous la marmite.
Au bout d’un an, jour après jour, les soupeurs se sentirent las et résolurent de manger le corbeau le soir même et coûte que coûte.
Un dentiste se trouvant de passage à l’HOTEL DE L’ECU, ceux d’entre eux qui avaient de mauvaises dents se firent mettre de solides rateliers…
On apporta le corbeau sur le plus grand des plats du PONT D’ARCOLE, et le doyen des convives, qui se méfiait de la coutellerie de l’auberge, saisit son sabre de garde national et s’apprêta à dépecer le corbeau.
Mais à peine le fer fut-il enfoncé dans le flanc du corbeau que le corbeau se souleva, se remit tranquillement sur ses pattes, secoua ses plumes pleines de bouillon et, après avoir brisé un vitre, s’envola vers les régions célestes, emportant avec lui le sabre qui l’avait transpercé.
Chose étrange, et qui touche presque au fantastique, tous les soupeurs du PONT D’ARCOLE eurent une indigestion de corbeau, et celui qui avait voulu découper le corbeau, fut le lendemain, mis au clou par le capitaine Juillard, pour s’être présenté à la revue sans son sabre de garde national.
J. ARENE – 1894 – L’ABEILLE DU BUGEY
Le septième jour du mois de novembre de l’an mil sept cent neuf, au moment où tintait l’angélus du soir, sire Claude-François de Lyobard, seigneur de Brion, Bussy, et Géovreissiat, était en la salle à manger de son château de Brion, attendant avec impatience l’heure du souper, car Claude-François Lyobard avait, parmi plusieurs petits défauts, celui de la gourmandise, à preuve qu’il mourut d’une indigestion.
Mais l’heure du souper n’était pas encore venue, et le châtelain, pour tromper l’attente et faire prendre patience à une faim canine gagnée dans une course poussée jusque sur les terres du sire de Montgeffond, seigneur de Martignat en l’Isle, s’approcha de la fenêtre en ogive qui donnait sur le marécage, du côté du levant.
La mine renfrognée de Claude-François de Lyobard s’éclaircit, car le noble sire aperçut Fremy, celui qui pourvoyait d’ordinaire le château de Brion de poissons et de gibier, Fremy qui longeait la rivière, sa carabine sur l’épaule droite, une grande trouble emmanchée d’un long bâton sur l’épaule gauche, dans laquelle une se trouvaient pêle-mêle des canards, des truites, des bécassines et des écrevisses.
Le châtelain ne put maîtriser son impatience ; aussi, ouvrant à grand bruit la fenêtre aux petites vitres enchâssés dans des lames de plomb, s’écria-t-il :
« ohé! Fremy, mon garçon, porte tout ton butin en nos cuisines et vient te réchauffer d’un verre de vin de mon cousin Balvey. Un vaillant chasseur comme toi est digne de choquer sa coupe contre celle d’un noble sire comme moi! »
Braves gens qui oyez la faveur grande, ne vous en étonnez, par trop : Fremy est l’enfant gâté du seigneur de BRION, parce que ainsi que nous l’avons dit, il pourvoyait le château de beau gibier et de bons poissons ; ensuite parce que c’était un luron, dont les récits amusaient fort, après boire, Claude-François de Lyobard parce, s’il respectait le gibier et le poisson de son maître et seigneur, il chassait et pêchait toujours sur les terres du prieur de NANTUA, qui était l’ennemi du sire de Lyobard, et dont les dépendances arrivaient jusqu’au pied de la colline sur laquelle s’élevait le château de BRION.
C’était justement ce droit de chasse et de pêche dans les marais giboyeux dont les limites partaient de PORT et s’en allaient au-delà de Brion, qui avaient fait naître mille difficultés entre le châtelain et le prieur. Une curieuse requête, adressée au parlement de DIJON, nous a été conservée. Il y est dit au seigneur de Brion qu’il empêchait les gens du prieur de pêcher dans l’eau qui sort du lac.
Le parlement de Dijon avait bien rendu un arrêt en faveur du prieur, mais le sire de BRION, dans la personne de FREMY, s’en moquait journellement.
Cependant FREMY, entrait dans la salle à manger :
« assieds-toi là, mon brave, lui dit le châtelain, et conte nous un peu de ce que tu as appris. »
« ma foi, messire, je n’ai rien appris de nouveau, si ce n’est qu’il fait froid, que le lac et la rivière sont recouverts de sarcelles et de canards et que le seigneur prieur, ayant su que l’homme qui prend son poisson et tue son gibier est votre serviteur, à jurer de le faire pendre à ses fourches patibulaires du Molard de PORT, la première fois qu’il le prendra en défaut. Mais un malin de ma trempe ne se pend pas comme cela, et mon fusil tonnera encore plus d’une fois sous le mont Chamoise avant que les CATHOLARDS mettent la main sur moi. »
Ayant ainsi parlé,Fremy vida sa coupe et se leva pour s’éloigner quand Claude-François de Lyotard lui dit, en le retenant du geste :
« tiens! reste, FREMY, tu m’amuses. Tu souperas là, avec moi, au bout de la table. Nous boirons sec et tu me conteras quelques bonnes histoires. »
Le souper du châtelain de Brion fut plantureux. FREMY suivant l’exemple de son maître et seigneur, but autant qu’un suisse.
Toutefois, lui si bavard d’habitude, restait silencieux. Le châtelain s’en aperçut et lui demanda:
– « le vin te lie-il la langue, aujourd’hui ? »
– « non, Messire, mais je réfléchis. »
– « à quoi? »
– « à un tour à faire au prieur. »
– « lequel ? Parle vite. »
– « je parie d’aller prendre des poissons tenus en réserve pour les jours maigres dans le réservoir du lac Vissel, qui, comme vous leurs savez, se trouve dans les murs mêmes du monastère.
– « hé, mon gars, fais celà, répliqua en riant le châtelain, et que le ventre m ‘esclaffe, si je ne donne pas à toi et à ta descendance mon joli bois de Loliat ! »
– « par là, morguienne, je le ferai et à l’instant même ! »
– « pars donc, et moi j’attendrai en compagnie de ces bouteilles le résultat de ton expédition… »
Fremy descendit de la colline, détacha d’un vieux saule une barque dans laquelle il déposa son filet, et, à grands coups d’aviron, se prit à remonter le courant.
Le temps était gris. Il faisait froid et parfois de longues bandes de canards s’élevaient des roseaux qui bordaient la rivière.
« ah ! Les beaux coups de fusil ! » murmurait Fremy redoublant d’énergie.
Cependant il débouchait dans le lac, qu’il eut bientôt franchi, et traversant la rivière de MERLOZ, il cacha sa barque, il se dirigea vers les murs de l’abbaye.
Tout était silencieux. Fremy escalada le mur et, jetant son filet, il commença son oeuvre de maraudeur, capturant sans distinction de sexe, les carpes ventrues et les brochets élancés.
« Ouf ! Il y en a assez et la charge est lourde » dit-il. Maintenant regagnons sans bruit notre bateau et allons porter tout cela au château de Brion.
En ce moment, arrivait du côté de la porte de Genève, une bande de bourgeois, sous le commandement du capitaine Leyssard, le même qui plus tard fut nommé SYNDIC. A la clarté de la lune, qui filtrait à travers le brouillard, les bons yeux du capitaine aperçurent une forme à cheval sur les murs de l’abbaye.
« halte ! » murmura-t-il à la ronde, et saisissant l’arme du bourgeois qui marchait derrière lui, il visa longuement, et sa balle alla fracasser le bras du pauvre
Fremy, qui roula par terre, en jetant un cri de douleur.
« bonne prise, mes amis! » dit le capitaine Leyssard à ses soldats, après avoir reconnu le délinquant. « nôtre seigneur le prieur va être content. Sans tarder, allons l’avertir. »
Le seigneur prieur, furieux de l’audace de FREMY, ordonna que le lendemain, à l’aube, il fut pendu aux fourches patibulaires du Molard de PORT.
Et mettant pied à terre, la première personne que vit le condamné fut l’un de ses cousins, qui se rendait au marché de Nantua.
« Cadet, lui dit-il, cours à Brion et dis au Châtelain ce qui m’arrive : lui seul peut me sauver. »
Cadet partit en courant, et pour lui donner le temps d’arriver, Fremy demanda à faire sa prière, ce qui lui fut accordé, bien qu’il eut été dûment confessé et absous par un religieux du monastère Saint-Pierre.
Enfin, FREMY vit arriver Cadet.
– « eh bien ? » Lui cria-t-il de loin
– « ah mon Dieu ! »
– « quoi encore ? »
– « le seigneur châtelain a tellement mangé cette nuit en t’attendant que ce matin il est mort d’une indigestion. »
– « bon, je suis perdu, c’est-à-dire pendu », pensa Fremy en faisant un dernier signe de croix. Puis, s’adressant au bourreau, il lui glissa à l’oreille :
– « toi, fait bien ton office et tu trouveras, sous les murs des jardins de l’abbaye, ma trouble pleine de carpes, de tanches et de brochets. »
Et voilà l’histoire du dernier qui fut pendu haut et court aux fourches patibulaires à trois piliers du Molard de PORT.
JULIEN ARENE
CONTES ET LEGENDES, extraits de l’Abeille du Bugey et du pays de Gex
C’était le 15 avril 1430.
La Michaille, sous l’influence des tièdes journées d’un printemps hâtif, avait retrouvé sa verdure, et les bois se couvraient de feuillage tendre.
Le Jura, le mont Chalame, et les montagnes de Champfromier conservaient seuls sur leurs sommets un reste de neige, qui, en fondant engendrait cents ruisseaux roulants avec bruit leurs eaux troubles dans la Valserine.
Monté sur le haut de la tour, Louis-le Terrible, comte de CHATILLON, promenait des regards de satisfaction et de plaisir sur son vaste comté.
Placé comme un nid d’aigles au-dessus du rocher contre lequel est adossé CHATILLON DE MICAHILLE, le château des comtes, vieux manoir assez mal bâti qu’on appelait « Chastel de Saint Michel », dominait toute la Michaille.
Le comte voyait à ses pieds, mugissantes dans un immense ravin, la Valserine et la Semine, qui charriaient vers le Rhône leurs eaux jaunâtres et tumultueuses.
Louis aimait la nature, quand elle touchait de près, et qu’il n’était pas en colère.
Rares moments, car il était irascible, et ses emportements amenaient toujours des violences et des catastrophes.
45 ans, taille élevée, corps d’hercule, l’œil fauve et perçant, barbe hérissante, physionomie menaçante enfin, tel était Louis le Terrible, devant qui tout le monde tremblait.
Mais le 15 avril 1430, lorsqu’il planait du haut de son donjon noirci, il avait perdu sa rudesse et il se livrait même à une sorte de rêverie douce et mélancolique.
Il ne se promène plus, il ne regarde ni la Michaille, ni les troupeaux d’Ardon qui paissent dans les prairies d’alentour: un objet captive son attention.
Sur la pelouse, aux pieds du château, une femme se meut vive et alerte: sa taille svelte et élancée, ses formes arrondies se dessinent gracieusement sous sa longue robe traînante; ses cheveux bruns, retenus par un bandeau, retombent en boucle le long de son cou éclatant, et, encadrent sa figure ravissante de grâce et de fraîcheur.
« Elle n’a rien de commun avec les femmes du village, pensait le comte, ces vilaines, ces manantes, fagotées de haillons dégoûtants ! ».
D’abord, il vait cru …mais non : cette femme, c’est Hildebrige!, sa fille cadette, sa chère Hildebrige !
Avec tout son amour de père, il suit ses moindres mouvement; il rêve pour elle… il se livre à de douces émotions: c’est ce qui l’absorbe…
Mais, elle paraît inquiète; elle s’approche vers le bord des précipices, plonge ses regards vers la rivière, et cherche à voir, à découvrir quelque chose.
« Que peut-elle chercher avec tant de préoccupation, se demandait le comte? admire-t-elle aussi ce spectacle sublime et mystérieux de la nature? Les chants confus et joyeux des oiseaux jettent-ils dans son âme d’heureuses pensées d’avenir? Elle a 19 ans! et déjà j’ai cru remarquer…Mais je m’en occuperai ».
Un bruit de pas du côté du village attira l’attention du comte.
Un homme se dirigeait vers le château.
C’était Jean Cottaret, fils d’un des principaux habitants, et le plus beau gars de l’endroit.
Il sera sans doute plus tard échevin ou bailli d’Ardon ou de Chatillon.
Il n’a que 20 ans, mais sous son juste au corps gris, on voit la force et la vigueur; sa figure imberbe est vaillante et sa taille avantageuse.
Il tient à la main, un panier d’osier blanc: Jean Cottaret s’occupe de pêche.
Il s’approche d’un pas assuré, en homme habitué à venir au château.
La mère de Jean avait allaité la fille du comte et, pendant longtemps Hildebrige et son frère, comme elle disait, s’étaient amusés ensemble.
Ils avaient ainsi contracté l’un pour l’autre une certaine amitié; mais maintenant qu’Hildebrige était grande châtelaine, Jean n’osait plus se montrer au château.
Il n’y venait que sous un prétexte valable.
Trouvait-il dans ses nasses quelques belles truites de la Valserine ?
Vite, il accourait au manoir en faire don au comte, ou plutôt à Hildebrige.
Le cœur noble et chevaleresque de la jeune fille ne dédaignait pas l’hommage ni même l’amitié d’un des vassaux de son père.
Sans réfléchir à l’avenir, leurs jeunes cœurs éprouvaient l’un pour l’autre une véritable sympathie.
Ce 15 avril, quand le comte le vit venir, il s’empressa de descendre, et Jean arriva sous la porte du château quand le comte déboucha de celle de la tour.
« Votre valet ! » dit le fils Cottaret
« Bonne santé, mon garçon, répondit le comte »
« Votre seigneurie veut-elle me faire l’honneur d’accepter deux ou trois truites que son valet ose lui offrir ? »
« De grand cœur, mon enfant, porte-les à la cuisine. »
« Et ton père et ta mère se portent-ils bien ? »
« Mais très bien, Monseigneur, ils vous présentent leurs respects. »
« Je les accepte. Tes parents sont de braves gens ».
Sur ces entrefaites, Hildebrige survint.
Elle avait entendu et la curiosité la fit rentrer au château.
Son visage se colora légèrement, tandis que Jean s’inclinait profondément.
Le comte lui mit dans la main une pièce de deux sols, et le reconduisit à la grande porte.
Cependant, le comte avait remarqué l’accueil empressé et cordial que sa fille avait fait à Jean.
Un léger soupçon lui fit froncer le sourcil; mais il dura peu.
Toutefois, il résolut de s’informer.
Dans l’après-midi, il parle à son intendant.
Celui-ci, dur comme son maître, confirma ses prévisions.
On avait vu Jean errer quelques fois près des bois, non loin du château, regarder vers les fenêtres et faire des signes imperceptibles.
Une fois même, on avait surpris Hildebrige lui faisant aussi des signes d’intelligence.
Plus de doute pour le comte; et l’inspection qu’Hildebrige faisait le matin, contre la rivière, du haut des roches, s’expliquait clairement.
Il en parlerait à souper.
Le soir venu, Louis-le-Terrible se montra de très mauvaise humeur; il se mit à table sans rien dire.
Le souper fut longtemps triste et silencieux.
Une des truites de Jean fut encore rapportée.
Le compte prit le plat et alla le jeter par la fenêtre.
Elle tomba dans la cour, et les chiens la mangèrent.
« Qu’est-ce donc, mon ami », demanda la comtesse émue ?
« Malédiction ! » s’écria le comte d’une voix tonnante.
« Mais non…avant ? Hildebrige ? réponds-moi. »
La jeune fille tressaillit et pâlit.
« Ce matin, poursuivit le comte, quelle était ton idée en cherchant avec tant d’ardeur à distinguer, depuis sur les rochers, quelqu’un vers la rivière ? »
Les évanouissements étaient inconnus de nos belles châtelaines du moyen-âge.
Hildebrige se troubla, son charmant visage s’inonda de larmes et balbutia:
« Mais aucune… de mauvaise… mon père ! »
« Assez ! assez ! … tu mens : ton trouble me le dit. Comment ! fille indigne et dénaturée ! ton âme de boue renie ses ancêtres et fait rougir leurs cendres, en estimant, en aimant ! en recherchant ! un roturier ! un vilain ! un manant ! Jean Cottaret, enfin ! »
« Mon père ! murmura Hildebrige, c’est un noble cœur !… et … »
Le comte bondit de son siège, sa barbe se hérisse, ses yeux lancent des éclairs, sa large main saisit le manche de son poignard et, le brandissant, il s’écria d’une voix effrayante:
« Par Satan ! par Saint Michel ! ce vil mannant mourra !!!… »
Et après quelques secondes de frémissements, il ajoute d’un ton lugubre et farouche :
« AUX OUBLIETTES !!! »
Un frisson d’horreur parcourut les membres de la Comtesse et de ses enfants : Hildebrige était suffoquée.
Sa mère appela ses gens, et on l’emporta dans son lit.
Le comte, furieux, sortit pour donner des ordres.
Trois heures plus tard, la vieille horloge du château tintait dix coups; la nuit était sombre; quatre fantômes noirs rôdaient dans les rues tortueuses et raides du vieux Chatillon.
Ils s’arrêtaient près de la porte de chaque chaumière, et plusieurs fois ils regardèrent à la petite fenêtre de la maison d’André Cottaret, père de Jean.
Ils paraissaient contrariés de ne pas trouver l’objet de leur recherche nocturne.
Tout à coup, ils entendirent des pas qui semblaient venir contre eux; ils s’embusquèrent promptement vers une porte de grange.
Celui qui s’approchait se mit à siffler sur l’air gai d’une ronde de l’époque.
Les quatre fantômes palpitaient d’émotion, car ils avaient cru reconnaître celui qu’ils cherchaient.
Lorsqu il fut arrivé à leur porte, ils se levèrent comme un seul homme, et Jean, c’était lui, se vit assailli par quatre spectres qui semblaient sortir de terre.
En un clin d’œil, il se trouva bâillonné, garrotté, et sa tête enveloppée d’un linge, en même temps qu’une voix sourde lui disait :
« Si tu cries, TU ES MORT ! »
Il se sentit immédiatement emporté avec rapidité, et trois minutes plus tard, on le couchait à terre.
« Voilà votre homme, seigneur comte », disait quelqu’un.
« MERCI ! MON BRAVE Rogrif : je ne pouvais mettre ma confiance qu’en mon digne intendant », répondit une voix bien connue de Jean.
Maintenant, mes amis, descendez ce messire au lieu qui lui convient.
Un instant après, Jean, débarrassé de ses cordes, était enchaîné dans un profond caveau, à l’air infect, sur un peu de paille pourrie, parmi des ossements, des salamandres, des limaces et des rats.
« Voilà du pain et de l’eau pour deux jours », lui dit sire Rogrif; après quoi tu rêveras à ton aise aux beaux yeux de la comtesse Hildebrige.
L’intendant sortit, verrouilla une lourde porte, et Jean se trouva enseveli vivant dans sa tombe.
Jean comprit tout.
On devine son désespoir et ses cris; mais sa juste indignation, les sentiments tumultueux qui bouleversaient son âme, étaient impuissants contre son malheureux sort.
La lutte était impossible: il était voué à la sauvage et féroce vengeance du comte.
Epuisé et hors de lui, il tomba sans mouvement et attendit la mort.
Dire la douleur et les larmes de ses parents est inutile.
Toutes les informations et recherches n’aboutirent à rien.
Mais quelques gens bien avisés soupçonnèrent fortement le comte.
Ces chuchotements s’accréditèrent, et comme depuis longtemps, la tyrannie féodale avait exaspéré les esprits les plus débonnaires, on murmura bientôt d’assaillir le château.
Le second jour après l’emprisonnement de Jean, le comte eut connaissance de ces bruits.
Il résolut de se débarrasser du jeune homme, et dans sa fureur, il ordonna à Rogrif de pendre, le soir même, le fils Cottaret.
Le soir donc, Jean, demi-mort, fut tiré des oubliettes, et pendu dans la cour du château.
Louis le Terrible, par une raffinerie de férocité, et pour punir les habitants de Chatillon de leur velléité de révolte, commanda d’aller jeter une jambe du mort dans le Puits d’Inversy, non loin du château et unique réservoir du village.
Ce qui fut exécuté sur l’heure par les estafiers (domestique armé) du comte; et le corps du jeune Cottaret fut, par exception, enterré dans les oubliettes mêmes. Cependant, UNE FOLLE, qui vivait de la charité publique, était couchée ce soir-là dans l’écurie du château.
Elle vit une partie de ce drame atroce: elle entendit le comte ordonnant de jeter une jambe dans le puits…
Mais on s’aperçut qu’elle était là, et le servile Rogrif, pour la punir, la chassa dehors : « Si tu parles de ce que tu as vu, on te tue ! »
Huit jours s’écoulèrent. Les habitants de Chatillon trouvant l’eau d’Inversy détestable, empoisonnée ! Plusieurs en furent malades.
Jeanne, la FOLLE, se souvenant qu’on lui avait interdit de dire ce qu’elle savait, pensa naïvement qu’elle pouvait le dire aux pierres.
Elle parcourut donc le village en répétant :
« Pierres ! Pierres ! dans le puits d’Inversy, il y a la cuisse d’un pendu ! »
On crut d’abord que c’était une de ses nombreuses folies; mais cette étrange révélation, jointe à l’empoisonnement de l’eau, fit qu’on résolut de s’en assurer.
Presque tous les habitants se rendirent au puits avec des crochets; et, à l’horreur, on retira une jambe à moitié décomposée !
Tous prirent des pierres et les jetèrent dans le puits, qu’on abandonna et qui se combla peu à peu.
Depuis lors, plusieurs habitants creusèrent des citernes auprès de leurs demeures; d’autres allèrent chercher de l’eau vers la source de Cras.
Depuis longtemps, le comte envoyait prendre à l’excellente fontaine d’Ardon, l’eau nécessaire au château.
Enfin, ajoutons que cet évènement augmenta chez les habitants leur terreur pour le comte et leur effroi pour le sombre château.
P.S.: les habitants de Chatillon bénéficient aujourd’hui d’une eau parfaite tout à fait potable !
CONTES ET LEGENDES, extraits de l’ABEILLE DU BUGEY ET DU PAYS DE GEX
LES CHATS DE MARTIGNAT
VOICI L’HISTOIRE DES CHATS DE MARTIGNAT encore bien connue de nos jours :
(A. ARENE)
Dans la matinée du 27 juillet 1796, les tourneurs du faubourg de la Poya à SAINT CLAUDE, étaient au devant de leurs portes, un pot de soupe à la main,et, tout en déjeunant, s’entretenaient du terrible incendie qui, l’année précédente, avait dévoré presque la totalité de leur ville, la cathédrale et le palais de l’évêque.
– Ceci est vrai, répliquait Jean-Lupicin Blanc, qu’un gros rat, l’avant-dernière nuit, a mordu l’oreille de ma femme.
Réveillé par ses cris, j’ai sauté à bas du lit et allumé la lampe; le rat alors rentra dans un trou de mur, mais deux autres rats plus énormes encore étaient à ronger la corde de mon tour en l’air; croiriez-vous qu’ils ne sauvèrent pas malgré la sommation que je leur fis d’avoir à laisser ma corde tranquille ?
– Il fallait prendre une branche de buis, un broussin (morçeau de bois), une hache, les assommer sur place et leur couper le cou, répondait Oyen David.
– Ah oui! j’allais bien m’exposer à être dévoré; j’ai préféré remonter sur mon lit, m’envelopper dans mes rideaux, et, pour les effrayer, crier « Au voleur, à la canaille! »
Ah! si au moins nous avions des chats…
Jean-Lupicin fut interrompu par la voix d’un Auvergnat ambulant qui criait à tue-tête: « peaux de lièvres… peaux de renard, peaux de lapins, peaux de chats…Qui veut vendre des peaux de lièvres et de chats !…
– Fouchtre ! répond celui-ci d’un ton de mauvaise humeur, je fais mon commerce et vous vous moquez de moi.
L’Auvergnat n’entend pas qu’on badine avec lui, fouchtre…
– Personne ne se moque de vous, reprend Oven David.
Vous demandez des chats à acheter, depuis l’incendie il n’y en a pas un à ST CLAUDE.
– Mais c’est la peau du chat que je veux et non le chat avec chapeau et ses os.
– Entendons-nous: si nous avions des peaux de chats, nous en ferions des mannequins pour épouvanter les rats qui désolent nos maisons, mangent nos vivres, nous caressent de nuit à belles pattes et à belles dents, dit en riant Antoine Chevassu qui avait compris le quiproquo.
– Ah ! vous n’avez pas de chats, reprend l’Auvergnat après avoir réfléchi un instant, je me charge, moi Jean-François Luriot, de vous en procurer.
C’est un commerce comme un autre, fouchtre !
A deux mois de la scène que nous venons de rapporter, un char, chargé de cages pleines de chats, roulait sur l’ancienne route établie au-dessus du village de MARTIGNAT.
Cette voiture, attelée d’un cheval borgne et fourbu, était conduite par Luriot, l’Auvergnat.
L’industriel n’avait pas perdu son temps.
Il avait fait l’acquisition de cages à poulets et d’un équipage, puis il s’était mis en campagne dans le Bugey, où, de ferme en ferme, il achetait tous les chats mâles et femelles qu’on voulait bien lui céder.
Lorsqu’il se vit possesseur d’un nombre suffisant de ces animaux, 250 environ, il se dit qu’il était temps de regagner SAINT-CLAUDE.
En route, comme Perrette du pot au lait, il comptait déjà dans sa pensée l’énorme bénéfice qu’il ne pouvait manquer de faire: les Saint-Claudiens avaient trop besoin de bêtes de sa ménagerie pour les lui marchander.
Mais au contour de la descente de MARTIGNAT, le cheval fait un faux pas : le char est renversé, les cages sont brisées, et les chats épouvantés se dispersent dans la forêt voisine, d’autres pénètrent dans les maisons, les étables et s’élancent dans les greniers et les fenils.
Des hôtes de cette nature ne pouvaient plaire aux habitants de MARTIGNAT.
La captivité que les chattes et les matous avaient subie, les avait rendus féroces, méchants comme des angoras, de plus, chaque nuit, sur les sapins où ils grimpaient, sur la paille du fenil où ils faisaient mille sauts et gambades, ils poussaient des miaulements affreux.
Les chasseurs et les braconniers de l’endroit tinrent conseil afin de débarrasser la forêt de ces animaux; d’autre part, on décida que l’on attaquerait les chats des fenils et des greniers à coups de fourches.
La chasse à l’affût était la plus et la moins périlleuse.
Il était avéré d’attaquer de jour contre des chats devenus à l’état sauvage, qui ne craindraient pas de sauter à la gorge des chasseurs, de les étrangler et de les dévorer ensuite, tel que le feraient des Cannibales.
Ce sage parti fit que les chasseurs, les braconniers, ni personne de MARTIGNAT, ne furent étranglés ni dévorés; ce sont eux au contraire, qui mirent à mort les chats, et qui s’en régalèrent, après les avoir apprêtés en gibelotte.
La rampe où Jean-François Luriot rêvait bonheur et richesse, où le cheval borgne et fourbu fit un faux pas et culbuta le char, où les cages se brisèrent, est encore connue aujourd’hui sous le nom de Chemin des Chats.
LES CHATS DE MARTIGNAT sont restés dans la mémoire des grands-pères, des grands-mères, des pères et des mères, qui les rappellent à leurs enfants.
Histoire
Richesses archéologiques
Richesses touristiques et archéolologiques du canton de Nantua – Pré-Inventaire
Montréal – La Cluse
Préambule : Avec le concours du SYNDICAT A VOCATION MULTIPLE DU CANTON DE NANTUA, a été réalisé l’inventaire du Canton de NANTUA , avec l’aide précieuse des Maires concernés, des prêtres, et des historiens locaux ( notamment M. DRUSCH J.C.)
MONTREAL–LA CLUSE :
Superficie : 1282 hectares 19 ares
Population 2008 : 3609 habitants
AUTREFOIS : En 1666, la paroisse de MONTREAL se compose de la ville seule, sans aucun hameau. La population est alors évaluée à 60 chefs de famille : pauvres à cause des guerres contre le Comté de Bourgogne.
La moyenne d’âge, calculée à partir de 123 décès, entre 1687 et 1694, est de 26 ans, âge nettement inférieur à la moyenne de l’époque (dans un précédent article, nous vous avons donné des statistiques d’état civil particulièrement intéressantes sur une durée plus longue).
En 1790, la population était de 674 habitants répartis en 152 « feux » (ensemble de personnes vivant dans un même foyer)
En 1803 : 811 habitants
En 1896 : 1153 habitants
En 1921 : 958 habitants
En 1946 : 1213 habitants
Pour la suite : voir plus haut.
SITES RURAUX :
Voie romaine :
Elle est nommée aussi « la route des carrosses »; elle part du carrefour de LA CLUSE , rejoint directement MARTIGNAT après avoir traversé le gué du Landeyron.
Elle fut réaménagée sous LOUIS XV. Il faudra attendre l’année 1813 pour que l’on décide de construire un pont sur le bief, il sera réalisé en 1816-1817.
Sur cette route, à la sortie de la Commune, sur la gauche, on peut encore distinguer les ruines de la grange « Belle » ou « Bellot », halte plutôt mal famée puisque les gardes forestiers, lors de leur prestation de serment à la révolution, s’en voyaient interdire l’accès. Ce chemin très peu utilisé de nos jours, hormis les promeneurs à pied, permettait encore au début du siècle, aux pêcheurs de NANTUA de traîner leurs charrettes à bras pour aller vendre les poissoins du lac au marché d’OYONNAX.
CHATEAU THOIRE ET VILLARS :
De la formidable forteresse, il ne reste hélas que quelques traces de murs : l’angle d’une petite tour carrée, des trous de poutres et les fondations du donjon
LA PRAIRIE :
Au passage à niveau (avenue de Bresse), supprimé depuis peu, existait un moulin sur la rivière l’Ange. La construction remonte vers 1790; son barrage de retenue devint le plus puissant de la commune; mais sous le second empire, il provoqua l’inondation de la majorité des prés du bas de la ville, et fut démoli en 1871.
On y parvient par deux sentiers qui partent du Pont des Romains, situé sur le bief du Landeyron, au bout du chemin de Covètan. Sur 1,5 km , ce sont six magnifiques cascades de 7 à 10 m. Après les chutes, le sentier continue jusqu’à la ferme de la Tour
GROTTES :
Cinq cavités sont recensées sur la commune de MONTREAL LA CLUSE.
La grotte du LANDEYRON ne serait qu’une simple diaclase (fracture d’une roche) dans le lit du bief. Proches de la route forestière, en forêt de MONTREAL, trois trous ont été explorés ; le plus haut en altitude fait 11 mètres de profondeur.
LA FORET – PANORAMA SUR MONTREAL :
On y accède par la vielle route de montagne desservant la forêt de MARTIGNAT. Ce sont 562 hectares de sapins, 234 de taillis.
L’ANGE : VANNE DE DERIVATION DU MARTINET :
A l’origine, le cours de l’Ange formait, en sortant des étroitesses du « Martinet » deux bras d’égal débit. L’installation d’un moulin sur le cours supérieur détourna la majorité des eaux.
SITES URBAINS :
RELIQUES DE L’ANCIENNE ENCEINTE :
A l’arrière du n° 65 de la rue de la Ville, côté BRION, on trouve des restes de remparts et une tour d’angle construite en moellons de petit appareil, posés en assises régulières. Il ne reste de ces travaux anciens, que la base d’un mur, reliant la ville à celle du château, mur de 2 mètres d’épaisseur, très difficile d’accès, et à mi-pente, une petite tour pleine ( 2,50 x 3,00 ) à l’aplomb d’une falaise, un second mur au-dessus de la « Tinne » et une autre tour à mi-pente, mais creuse. De là, la vue plonge sur le quartier de l’Eglise.
SQUARE MOLAIRON :
Situé au bas de la rue de la ville, il offre un magnifique panorama: LA CLUSE et son importante zone industrielle
TOMBE DELILIA :
Située dans un petit bois à gauche en montant au cimetière.
Un grand mausolée caché derrière le presbytère abrite la tombe du député du Tiers Etat J-B. DELILIA (cf.rubrique dédiée à ce personnage hors du commun), révolutionnaire du temps de Robespierre). Le monument funéraire est imposant : 15 mètres cube de magnifiques pierres de taille, 7m60 de hauteur. A 240 cm du sol un bandeau porte une inscription gravée dans la pierre, et qu’il faut lire en faisant le tour complet du mausolée :
ICI, REPOSE JOSEPH BERNARD DELILIA DE CROZE, NE LE 6 7bre 1739, DECEDE LE 16 AOUT 1804 – DEPUTE A L’ASSEMBLEE NATIONALE DE 1789
La tradition raconte que DELILIA fut enterré aux sons des tambours et de la MARSEILLAISE, hors de la terre bénie. Il est de surcroît ajouté qu’il fut enseveli debout avec ses chiens…
BAC DE LA SAINT-YVES :
Après avoir traversé les deux ponts du chemin de la SAINT-YVES, derrière le château DOUGLAS, on distingue à gauche les restes d’un bac entièrement c omblé. Il était destiné à faire rouir (éliminer les faisceaux de chanvre) le chanvre.
SITES ARCHEOLOGIQUES :
On se reportera au document précédemment publié sous le titre : « fouilles sur le terrain du collège »
EDIFICES RELIGIEUX :
VOIR NOS PRECEDENTS ARTICLES.
L’EGLISE DE MONTREAL fut édifiée dans la seconde moitié du XIII ° siècle. Le clocher, quant à lui, fut édifié au XVII ° siècle, fut écrêté à la Révolution au niveau du toit de la nef. Le clocher fut reconstruit en 1830. A VISITER ABSOLUMENT-
L’Eglise est située au bout de la rue de la Ville. En moellons recouverts d’enduit à l’intérieur, pierres de taille autour des fenêtres et posées en besace (rencontre de deux pans de maçonnerie) aux angles ; contreforts en pierre de taille autour des fenêtres. Église à une nef. Le clocher est légèrement encastré dans la façade ; le rez-de-chaussée est un porche assez haut voûté en berceau ; la voûte obture légèrement la partie supérieure d’une ouverture longue et étroite ; d’imposants contreforts à deux ressauts ( saillies ) ; le porche abrite un portail à encadrement et linteau droit chanfreiné
(Coupe en biseau), le haut du linteau est un tore.
Le premier étage de la façade et du clocher est limité par une corniche, il est en pierre de grand appareil. Le deuxième étage est éclairé par quatre fenêtres à arc en plein cintre et abat-son, placées entre deux corniches ; une troisième corniche court sous le toit.
Le mur latéral sud se compose de deux parties : la première est contrebutée par trois contreforts de largeurs différentes ; une porte à encadrement et linteau droit chanfreiné ouvre juste avant la deuxième. Celle-ci fait saillie : le centre légèrement en retrait correspond à la chapelle du XV° siècle. Sur le linteau, écu gravé portant la date de 1643.
Sur le mur latéral nord, s’appuient quatre contreforts et au niveau du chœur une construction rectangulaire éclairée par trois petites ouvertures
La nef très large à trois travées, le chœur deux. A l’entrée du chœur, on remarque la date de 1613
LES CHAPELLES :
– autrefois, il existait quatre chapelles, il n’en subsiste que deux au sud. La plus ancienne donne sur le chœur ; elle fut construite au XV° siècle
– La chapelle DOUGLAS (voir notre article l’EGLISE ET LA FAMILLE DOUGLAS ) ouvre sur la nef par un arc surbaissé. Elle est couverte par une voûte d’arête, éclairée par une fenêtre à arc en plein cintre. Elle renferme les tombes de la famille DOUGLAS
MOBILIER DE L’EGLISE :
– Vitraux : le vitrail du chœur (magnifique) date du XVII° siècle
– Le vitrail de la chapelle de Jean Garin représente l’annonce faite à Marie
– Le vitrail de la chapelle DOUGLAS représente SAINT LOUIS
– Les vitraux de la nef sont formés de losanges
– CLOCHES : une petite cloche de 300 kg dans le clocheton de l’horloge, et une autre de 714 kg placée dans le clocher surmontant
l’entrée principale.
– Ancien baptistère, disparu sous la révolution et retrouvé en 1977
– Deux bénitiers
– Statues intéressantes
– Stalles de 1843
CROIX, VIERGE :
– Croix du Square du MOLAIRON (bas de la rue de la Ville ) : en fer forgé sur un socle formé d’une colonne surmontée d’un chapiteau
– Vierge : Accessible par deux sentiers, l’un à partir du chemin du château, l’autre à partir de l’Eglise ; mise en place après la guerre
de 1870. La tradition locale rapporte que les aînés du village la montèrent à l’épaule.
EDIFICES PUBLICS :
La MAIRIE : imposante construction, ancien atelier de soierie entre 1855 et 1875, elle abrita un hôpital auxiliaire durant la guerre de 1914-1918 ; racheté par la commune le 3 avril 1922, transformé en 1922, la mairie s’y installa en 1924. HAUTE bâtisse de quatre étages. A NOTER : dans la salle du Conseil, le vieux mouvement de l’horloge de l’Eglise, en état de marche)-1895-
ANCIENNE MAIRIE-ECOLE , POSTE :
L’Agence postale, ancienne ferme de Jean-Louis BURDEYRON, achetée par la commune en 1832, fut reconstruite en 1834, M. FAUVIN étant Maire, Elle servit alors de Mairie et d’école de garçons de 1835 à 1879. Quand la Sté de Fromagerie s’y installa en 1893, on construisit une grande cave. En 1906-1907, la POSTE fut installée dans une partie du bâtiment.
C’est une maison en profondeur, avec une remarquable façade en pierres de taille.
ECOLE MATERNELLE DE MONTREAL :
Située sur la place face au château DOUGLAS, c’est l’ancienne école de filles, souvent appelée « couvent », construite en 1843-1844. De novembre 1839 à 1876, les institutrices furent des sœurs de Saint-Joseph.
ECOLE DE LA CLUSE :
Cette école, située rue du Maquis, récemment vendue à un particulier, fut d’abord un asile.
PRESBYTERE :
Construit à l’extrémité de l’ancien cimetière, le fronton de la porte d’entrée porte la date de 1786.
Bien national destiné à être vendu sous la Révolution, il fut loué par le Conseil de la Commune le 30 mars 1794 ; il y installa la première mairie, le comité de surveillance et l’instituteur ; il fut libéré lorsque le comte de DOUGLAS , maire de MONTREAL, logea le conseil dans les dépendances du château. Lorsqu’il démissionna en 1830, il fallut trouver d’autres locaux. C’est une grosse bâtisse de trois étages. Les angles et l’encadrement des fenêtres sont en pierres de taille.
CIMETIERE DE MONTREAL :
Il fut transféré à son emplacement actuel en 1847. Le mur d’enceinte est en moellons de pierre. A l’entrée du cimetière, s’élève une croix portant l’inscription en latin : traduction : Combien est sainte et salutaire la pensée de prier pour les morts- Administration de M. FAUVIN, Maire 1847-
MONUMENT AUX MORTS :
Construit en 1920 au milieu du carrefour du Grand Pont, il fut déplacé en Février 1974 sous la mandat de M. JEAN COUPAT , Maire, et installé dans le parc de la Mairie.
GARES DE MONTRAL ET DE LA CLUSE :
Elles ont toutes deux aujourd’hui disparu, victimes des décisions de la SNCF. On se reportera utilement à notre article « le chemin de fer »
SALLE DES FETES et POSTE DE LA CLUSE :
LE MOGADOR et le BUREAU DE POSTE sont situés à l’angle de l’avenue de Bresse et de l’avenue du Québec. Sous la direction de l’architecte NICOUD, le bâtiment fut construit en 1932. A l’époque, la salle des fêtes était considérée comme la plus belle du haut-bugey; elle l’est encore par son aspect rétro contrastant avec les salles modernes. Des représentations théâtrales et des bals y étaient organisés. Le grand FERNANDEL participa à l’inauguration. Un cinéma fonctionna avec succès durant de nombreuses années.
FOURS :
Four de la Mairie : est le seul encore en usage
Four de la Poste de MONTREAL, détruit et abandonné
Four du Martinet : adossé au lavoir, construit en 1911, en remplacement d’un four du début du XIX siècle
FONTAINES ET LAVOIRS :
« le bac de l’hâle » , hélas détruit, était l’une des plus anciennes fontaines du pays. Elle était implantée en travers du chemin de la halle, unique accès à la cité au moyen âge.
– Place de la Ville : les deux fontaines – abreuvoirs du « four » et des halles sont les plus anciennes adductions d’eau de la Ville. Elles étaient alimentées par la fontaine située au pied de l’Antessar, où sont amenées par des canaux de pierre les eaux de plusieurs sources ; celles-ci étaient autrefois acheminées jusqu’au bourg par des » borneaux » de sapin dont l’entretien était assuré, pour une période de trois ans, par des particuliers en contrepartie de la jouissance de communaux. Jusqu’en 1830, les bacs étaient en bois ; aujourd’hui, la fontaine » du four » , à rebord en saillie, formée de blocs de pierre scellés, pilier monolithe encastré dans un mur en pierres de taille de grand appareil qui l’entoure sur trois côtés ; trois petites pyramides le décorent.
– Deux autres fontaines au 9-10, rue de la Ville :
encastrées dans un mur de soutènement de pierres de taille de grand appareil, leur emplacement actuel remonte à la construction du Pavé en 1864 et à l’élargissement de la rue
– Lavoir des Terreaux : situé rue des Terreaux, au pied de l’escalier d’accès à la place de la Ville; construit en 1904. Il remplaça alors un bac plus ancien, qui servait d’abreuvoir lors des foires de bovins et chevaux.
Grande fontaine du Pont Buisson : Incontestablement, la plus belle fontaine du pays.A VOIR ABSOLUMENT . la fontaine date de 1858.
C’est un bac à neuf faces, d’un sol bloc de pierre. L’eau arrive (en été) par trois cols de cygne en bronze fichés dans un pilier à neuf faces, décoré de moulures. La tradition rapporte qu’elle fut halée jusqu’à MONTREAL par huit paires de bœufs !!!!
– bac école du Pavé : 4, montée du Grapillon, mis en place en 1820
– Bac de l’école maternelle DOUGLAs , face au château : c’est l’ancien bac placé en 1839 au carrefour de LA CLUSE
– Lavoir des Granges : il a été détruit, mais l’eau reste encore aujourd’hui à fleur de terre.
– Bac abreuvoir, devant la propriété MONTANGE, installé en 1864
– Abreuvoir du Grand Pont : , d’abord en bois, est maintenant en pierre, il fut installé en 1903. C’était une importante halte pour les
attelages qui descendaient de la forêt.
– Grande vasque de la Mairie (dans le parc près du monument aux morts): grande vasque parfaitement ronde, venant du château, et qui fut donnée à la commune par la Comtesse DEDOUGLAS en 1973.
– Lavoir du Martinet : construit en 1911. La fontaine est plus ancienne (1884). Bac rectangulaire fait de blocs taillés et scellés par des
crampons, dominé par un pilier monolithe, terminé par un socle. Le bec sort d’un médaillon de bronze en forme de fleur, il est terminé par une tête de dauphin.
– Fontaine et lavoir du Landeyron : Ce bac situé à l’origine face au portail du château a été déplacé en 1868
– Fontaines de LA CLUSE :
. Lavoir et Bac abreuvoir, 65 rue du jura : a été déplacé
. Lavoir rue du Maquis : date de 1911
. Fontaine place de LA CLUSE :
Très grande et belle fontaine, située au carrefour de LA CLUSE, construite en 1884. Très gros blocs de pierre taillées et scellées . Une vasque semi-circulaire se poursuit de chaque côté par deux blocs rectangulaires aux extrémités arrondies. La vasque centrale est dominée par un élégant pilier carré surmonté d’une pyramide à trois ressauts , couronnée d’un fleuron.
LES PONTS :
– Grand Pont : le sire de THOIRE ET VILLARS fixe ainsi les limites dans lesquelles s’exercent les franchises. Un pont existait donc, peu après la construction de la forteresse. Il subit une réparation en 1444 et fut reconstruit en 1789.
Pont de Covètan : traditionnellement baptisé « PONT DES ROMAINS », de grosses réparations furent effectuées n 1879. C’est un pont fait de pierres.
– Ponts sur le chemin de la SAINT YVES : Les deux ponts, derrière la propriété DOUGLAS, ont été construits en 1839. Ce sont des ponts en arc surbaissé.
– Pont du Martinet : avant la révolution, on traversait la rivière à gué, une passerelle permettait cependant aux piétons de passer à pied
sec. C’est un pont de pierre formé de deux arches en arc surbaissé.
– Pont de la Prairie : Construit en 1788. C’est un pont en pierre de taille à trois arches en arc surbaissé – deux piles aux extrémités arrondies font saillie de chaque côté.
EDIFICES CIVILS PRIVES :
Les maisons de MONTREAL sont en général des maisons accolées.
1 – RUE DE LA VILLE :
N° 10 : la maison de justice de la chatellerie de MONTREAL: les murs sont recouverts d’enduit. De l’origine, il reste une tour éclairée par cinq fenêtres dont les encadrements sont formés de quatre blocs taillés. Une plate-bande court au niveau du premier étage. Au rez-de-chaussée, et au premier étage elle communique avec deux galeries ouvertes, sous des arcs surbaissés ; le troisième étage est fermé, il a deux fenêtres. Au premier, cette galerie mène à une pièce dans le mur de laquelle était percée autrefois une meurtrière
N° 38 : un montant de fenêtre porte gravée la date de 1838
N° 39 : au-dessus du linteau de la fenêtre supérieure gauche, est incorporée dans la façade une pierre de remploi taillée en V
N° 45 : la façade présente deux porches voûtés ; l’encadrement est en pierre de taille ; la façade arrière, construite sur le rempart donnait sur la plaine au levant et avait deux longs balcons de bois. Dans la pièce principale, la cheminée d’époque restauration possède sa garniture d’origine : crémaillère, chenets et chaudrons. A sa gauche, une pierre d’évier qui traverse la façade, une desserte et un potager
N° 47 : La Sergenterie : seule maison de la ville à disposer au XV ° siècle d’une ouverture à travers le rempart. Sur une large couloir v oûté ouvrent deux salles : l’une large voûtée, l’autre plus petite; elles communiquent entre elles. Cette disposition pourrait être celle d’une salle de garde d’où on peut surveiller l’extérieur tout en gardant l’œil sur la prison. Une grande cheminée et une porte de 1534 ont été vendues.
N° 54 et 56 : La Grande Maison : la tradition nous rapporte que cette maison abrita une petite institution d’éducation religieuse, fondée le 14 avril 1661, par Jean Charbillat. L’incendie de 1779 anéantit la plus grande partie de cet édifice qui ne fut pas entièrement reconstruit.
N° 59 : fronton de porte en accolade daté de 1569 (pierres de réemploi)
2 – RUE DE LA TINNE :
N° 8 – linteau de porte de grange gravé : C J. 1773 R. Sur la façade Est, porte à accolade dont les pierres proviennent sans doute de la dernière forteresse édifiée sous LOUIS XIII et détruite en 1635.
3 – MONTEE DU PAVE :
– Ancienne Mairie-école du Pavé : 7 rue du pavé, et 4 montée du grapillon : Joseph FAUVIN l’avait reçue en héritage du député du Tiers-Etat J-B. DELILIA. Le baron de Mornay, époux de sa fille, la céda à la commune en 1878. Elle fut transformée en Mairie ; l’année suivante fut construite l’école de garçons mitoyenne.
– N° 20 : le linteau de la porte de couloir porte en relief la date de 1563 sur une moitié de blason. La tradition veut que ce soit la maison natale de Paul Maurice DELILIA, notaire royal, capitaine châtelain du Comté de MONTREAL, BRION et MARTIGNAT.
– Maison du grapillon : à l’arrière de l’école du Pavé : la tradition nous apprend que cette habitation fut un chef d’œuvre du compagnonnage ; chaque pièce de bois ou de pierre portait des marques de tâcherons.
4 – AU PONT BUISSON :
La maison « GEVRY » , date de l’époque 1830-1850. L’un des porches est encadré par deux piliers engagés dont la base et les chapiteaux sont ornés de moulures et soutiennent une corniche.
5 – RUE DES GRANGES :
Elle a une unité remarquable. Au moyen-âge, ces constructions étaient en grande partie en bois, car l’usage était de faire une coupe en forêt tous les trois ans et d’en répartir le bois pour subvenir aux besoins de réparations et de constructions neuves des habitants. A la fin du XVI ° siècle, le retour du Bugey au sein du duché de Savoie s’accompagne d’un redémarrage économique ; c’est à ce moment que se développe ce quartier, bien que les dates sur les frontons soient plus récentes.
N° 2 : façade en pierre de taille, sept fenêtres au premier étage, linteau en arc déprimé
N° 4 : façades de pierres de taille de grand appareil ; une porte à imposte ouvre sur une salle au plafond à la française, elle est suivie d’une grande cuisine
N° 7 : un linteau porte une inscription « FAIT PAR LES FRERES PEL EN 1831 »
N° 8 : façade avec quatre fenêtres au premier étage
N° 10 : MAISON DALLOZ : le porche porte sur un petit blason, la date de 1868, qui semble être celle d’une construction faite à partir d’éléments du XVII ° siècle provenant de la forteresse de LOUIS XIII
N° 27 : au centre du linteau du porche, une pierre fait saillie sur laquelle est gravée une étoile à cinq branches, surmontée de JCC, au-dessus dans une cartouche, une crois de Malte précède : LE 7 MAI 1776 A ETE POZEE..(sic)
N° 31-33 : deux granges sont les dépendances de l’ancienne ferme du château DOUGLAS., détruite par un incendie en 1958
6 – AVENUE PROSPER DE DOUGLAS :
N° 37 – Le château DE DOUGLAS : pour l’histoire, on se reportera utilement à nos précédents articles.
Description du château : bâtiment rectangulaire de trois étages, élevé au-dessus de caves voûtées; les murs sont en moellons recouverts d’enduit, les angles, le rez-de-chaussée de la façade – côté cour – l’encadrement des portes et des fenêtres sont en pierres de taille, les linteaux sont des blocs monolithes. Sur les façades – côté cour et jardin – la partie centrale fait légèrement saillie , côté cour, l’encadrement mouluré de la poste est encastré de deux piliers engagés; au premier étage ouvre, sur un balcon à balustrade de fer forgé, une porte fenêtre garnie de vitraux comme les deux fenêtres qui l’entourent. Une large terrasse occupe le côté donnant sur le jardin.
7 – RUE MONTANGE :
N° 3 – enseigne d’atelier de soierie, apposée au-dessus de l’entrée de la maison
N° 5 – ancien moulin banal : racheté, en très mauvais état, par Archambault DOUGLAS, après la Révolution, puis reconstruit, il fut vendu à Félix MONTANGE en 1884. Celui-ci y installa une tournerie sur bois et sur corne, qui connu une certaine prospérité jusqu’en 1970
8 – RUE DU GRAND PONT :
N° 3 – L’auberge du charron : Ancienne ferme de la famille BURDEYRON, ; au retour de la première guerre, Ulysse, maréchal-ferrant, installa sa forge. Cette forge disparut à son décès, en 1968. Dans cette auberge, le mur mitoyen est du XVIII° siècle.
N° 15 : grosse ferme, maison individuelle en longueur – magnifique façade.
9 – RUE DE LANDEYRON :
N° 38 : grosse ferme, porche encadré de pierres de taille
10 – COVETAN :
Ferme NIOGRET : le hameau de Covètan, avant la Révolution, était composé de trois fermes, dont il ne reste aujourd’hui qu’une seule maison, ayant conservé son séchoir à bois du côté du bief.
11 – LA CLUSE :
N°1 – rue du Lyonnais et n° 2 rue des Savoie, la propriété ROSET, abrita pendant tout le XIX ° siècle, un autre relais de poste. Ce gros bâtiment comportait l’auberge et les chambres, et dans la cour, se trouvaient les écuries et les remises. Seuls subsistent un très haut porche d’entrée voûté, en pierres, surmonté d’un petit toit. Devant se trouvait le poids public.
N° 7 – rue du Maquis : bâtiment de ferme
N° 11 : rue du Maquis : façade et voûte d’un ancien bâtiment de ferme de 1890
N° 77 : rue du Jura : dans le jardin, est l’ancien travail du maréchal-ferrant de LA CLUSE
Traditions :
« LES LOUPS » :
Dès 1463, la chronique Latine de Savoie nous raconte que « durant de plus de trois années, des loups dévorants (affamés) se répandirent dans le pays de Savoie, c’est-à-dire dans la terre de Montagne, dans la circonscription de NANTUA à MONTREAL, enlevant les enfants qu’ils dévoraient même sous les yeux de leurs parents. Cette plaie dura jusqu’en 1465.
Les garde forestiers étaient toujours armés, et une prime était allouée pour chaque loup tué, quant aux ours, la peau et les pattes étaient remises au seigneur.
Vers la fin de 1823, de fortes chutes de neige rendirent difficile la subsistance des loups, aussi une meute de sept adultes vint-elle chercher pitance dans les hameaux. Une équipe de chasseurs prit l’affaire en mains !!!!
VOICI QUELQUES LARGES EXTRAITS DU PRE-INVENTAIRE DE MONTREAL LA CLUSE, parcourez les rues de notre commune à l’aide de ce document et vous découvrirez une cité bénéficiant d’un riche passé, qui, malgré un développement important a su conserver d’importants vestiges du passé, que vous découvrirez si vous avez le sens de l’observation et le goût des vestiges laissés par nos aînés.
Importante découverte archéologique sur le chantier de l’autoroute A404 : site campaniforme datant du III ème millénaire av J.C.
Extraits de la revue Archéologie n° 9 janvier 1998 : par Philippe HENON-AGNES
VEROT-BOURRELLET AKII –MAXENCE BAILLY JEAN LUC GISCLON
VOICI QUELQUES EXTRAITS DES ETUDES PUBLIEES, livrés à nos lecteurs.
Les fouilles archéologiques ont mis à jour, sur le territoire de GEOVREISSIAT, au lieudit « derrière le château de MONTREAL« , un important site du Campaniforme (grande qualité des poteries décorées).
Dans une étroite vallée du Jura, voilà plus de 5000 ans, des paysans de tradition campaniforme ont décidé d’arrêter leurs pas.
Ils ont bâti des maisons de bois, et vécu en cultivant la terre et en élevant du bétail de la région.
LA DECOUVERTE DE CES VESTIGES CONSTITUE UN PRECIEUX TEMOIGNAGE SUR LA PREHISTOIRE
Le gisement campaniforme de « derrière le Château » se situe dans un vallon sec encerclé par des reliefs calcaires.
Cette étroite vallée est longue de 750 mètres, large de 25 à 50 mètres, fermée au sud par le molard de Motan.
Au nord, elle dessert le col de MONTREAL (altitude : 535 m).
Au cours de l’hiver 1993, des sondages furent réalisés sur les 34.800 m2 de la vallée.
La présence de paléosols ( sols anciens enterrés sous des dépôts plus récents-fossiles) fut détectée sous 0.70 à 5 mètres de sédiments.
UNE VALLEE HABITEE DEPUIS LONGTEMPS
L’histoire du peuplement de cette vallée débute vraisemblablement vers le IVème millénaire av. J.C.
Elle se poursuit, avec des hiatus (interruptions), du IIème millénaire avant J.C. au XVIIème siècle de notre ère.
Durant le IIIème millénaire av J.C., une communauté agro-pastorale choisit ce lieu, discrètement ancré dans la topographie régionale, pour s’y installer.
On a pu mettre en évidence une concentration très soutenue des structures domestiques de l’habitat – abondance du mobilier céramique et lithique (préhistoire de la pierre) – plusieurs milliers de pièces (outillage et vaisselier de cette communauté de la fin du Néolithique) :
– nombreux grattoirs, et différents types de flèches perçantes
– céramique abondante
– gobelets ou autres récipients à décors zonés, travaillés à l’aide d’un peigne
– un seul fragment de hache qui ne permet pas de plaider en faveur de l’existence
d’un artisanat du cuivre.
DES PETITES MAISONS DE BOIS
Le site de « derrière le Château » est aujourd’hui l’un des rares habitats de plein air du Campaniforme sur lequel des bâtiments ont été découverts.
De cette architecture faite de terre et de bois, ne subsistent que les fosses de fondation des poteaux porteurs.
Il a été ainsi possible de repérer, entre autres, un bâtiment de 8 m de long sur 4,50 m de large.
TROIS NEFS -Un foyer sur sol d’argile – Afin de pallier le pendage naturel du sol, ce bâtiment a été rehaussé, et muni d’un plancher.
L’agencement observé évoque un dispositif d’accès à la maisonnée (porche).
En progressant vers le col de MONTREAL- LA CLUSE, la densité des vestiges diminue.
OU SONT LES MOISSONS ?
On s’étonne de l’absence totale de fosses-silos destinées au stockage des denrées céréalières ou fruitières, car cette communauté pratiquait l’agriculture, alors que nous avons identifié des taxons (groupes) de blé ou d’orge.
Le matériel de broyage est très abondant.
Il peut être envisagé un stockage à court terme dans des jarres-silos, et à moyen/long terme dans des greniers dont nous avons la trace, et le stockage dans les maisons.
DES AMATEURS DE VIANDE
La conservation des vestiges osseux est généralement mauvaise.
Les mieux conservés ont été extraits du remplissage de deux siphons karstique (calcaire), réutilisés en dépotoirs et localisés à l’extérieur du village.
L’analyse de la faune met en évidence le rôle très important de l’élevage ( bœuf – ovicaprinés – porc).
La part de la chasse paraît non négligeable sur le site : principalement sur le cerf, pour la viande et pour l’artisanat sur bois de cervidés.
UNE OCCUPATION DE LONGUE DUREE
D’après nos observations, l’occupation du site est antérieure au IIIème millénaire avant notre ère, entre 3900 et 3400 av J.C..
Les Campaniformes colonisent ce territoire pendant une longue période (plus d’un siècle). Le site de « derrière le Château » reste délicat à appréhender: le nombre des bâtiments relève de la dizaine.
Beaucoup d’informations nous échappent, en particulier celles relatives à l’existence de possibles aménagements des versants et des hauteurs.
Aucune information sur le thème sépulcral du site.
En revanche, il faut signaler l’existence de restes humains retrouvés lors des fouilles.
L’IMPORTANCE DE CE GISEMENT TIENT AU FAIT QU’IL CONSTITUE L’UN DES TRES RARES SITES D’HABITATS EN PLEIN AIR DE L’AIRE JURASSIENNE, avec les sites de RANCES-CHAMP-VULLY (SUISSE ) et de NOIR-BOIS à ALLE (SUISSE).
L’INDUSTRIE LITHIQUE TAILLEE DE « DERRIERE LE CHATEAU«
SILEX ET METAL
Très abondante série d’artefacts (produit ayant subi une transformation par l’homme), ce qui est assez rare pour cette période.
Environ 10.000 silex taillés.
L’étude du mobilier céramique pourrait également constituer un témoin très intéressant de la continuité de la production lithique peu avant l’usage du métal, avec le bronze.
UNE INDUSTRIE LITHIQUE BIEN TYPEE
Etudier le débitage du silex réalisé sur le site consiste à étudier une activité économique! – production locale d’éclats, lamelles et lames.
Les matières utilisées ne sont pas présentes sur le site, mais l’éloignement n’est pas une contrainte, puisque toutes sortes de blocs et de nucleus (bloc de roche dure) sont à plans de frappe unique ou bipolaire.
LES SILEX TAILLES ET LEUR USAGE
L’étude de l’outillage met en évidence une dichotomie (division de deux éléments qui s’opposent) sensible au cours du Néolithique (période comprise entre le mésolithique et l’âge des métaux).
D’une part, des outils conventionnels, qui induisent un façonnage précis: armatures – poignards – grattoirs – racloirs – burons – perçoirs, d‘autre part, des outils occasionnels, objets d’un façonnage minimal.
Cet outillage opportuniste n’est pas un fait mineur Derrière le Château: denticulés (ornements), outils à enlèvements latéraux , pièces esquillées (petits fragments d’un os ou de bois), sont les indices de la reproduction du groupe social.
LES MESSAGES DU SILEX
L’abondance de la production du silex est-elle liée à une longue durée d’occupation, ou bien provient-elle d’une consommation intense?
Cette dernière hypothèse nous apparaît la plus convaincante.
Mais de nombreuses interrogations subsistent :
– d’où viennent les lames?
– quels sont les réseaux économiques du Campaniforme?
– Ces pièces sont-elles investies d’un prestige particulier?
– Quelles sont les relations entre le silex et le métal?
– L’absence de cuivre sur le site est-elle due à la conservation, au mode d’abandon de l’habitat ou à une totale absence de métal?
– La gamme de l’outillage et des techniques employés dérive-t-elle du Néolithique régional?
– Flèches et poignards possèdent-ils encore cette propriété d’afficher le statut des possesseurs?
C’est à ce type d’interrogations que nous convie l’étude des séries lithiques de l’habitat campanifome.
LE MATERIEL DE MOUTURE ET DE BROYAGE
Le matériel de mouture se compose d’un élément fixe dit « meule dormante », sur lequel agit un élément mobile ou « molette ».
Ce type de matériel « derrière le Château » comprend 140 pièces.
Ce matériel correspond à de l’outillage fonctionnant essentiellement par frottement, mai aussi percussion.
L’absence de meules montre un choix technologique évident.
Au total, pièces fragmentées regroupées, 107 meules dormantes ont été individualisées, certaines pièces ont pu avoir une autre destination que la mouture de grains.
L’abondance du matériel de mouture, sans équivalent, en France ou à l’étranger, confirme l’importance archéologique de cet habitat.
FOUILLES ARCHEOLOGIQUES SUR LE TERRAIN DU COLLEGE THEODORE ROSSET
Rapport de sondages (source : service régional de l’archéologie) trancrit par Raymond Burgod
N.B: lire en fin d’article: « ORINDIS, QUEL VILLAGE ? »
PREAMBULE: en 1905-1906, EMILE CHANEL, avait réalisé des fouilles et montré, à cette occasion, l’existence de plusieurs bâtiments antiques.
Mais ces fouilles n’avaient pas porté sur l’ensemble archéologique, et le plan publié à l’époque, était inexact ou incomplet.
DES FOUILLES COMPLEMENTAIRES FURENT DONC REALISEES EN 1995.
BILAN: Plusieurs éléments de constructions ont été mis en évidence, parfois à une très faible profondeur sous le sol actuel: il s’agit de maçonneries, fondations, sols de terrazo(appelé également granito, c’est un revêtement composé de grains ou éclats de marbre), foyers d’hypocauste (système de chauffage) …Les murs en moellons calcaires, sont en général arasés au niveau des sols, voire en-dessous.
Les fondations sont parfois établies sans mortier.
On note de rares arases de tuiles.
Le plan général montre une organisation régulière.
Les vestiges au nord et au centre sont complexes et il est délicat d’en proposer une restitution.
En revanche, au sud, les fondations suggèrent le plan très régulier d’un bâtiment rectangulaire de 45 mètres de longueur et 23 mètres de largeur.
Cet ensemble comporte peut-être des galeries ou des annexes et paraît avoir été constitué par des adjonctions successives à un volume initial de type « maison en longueur ».
Le mobilier archéologique significatif est particulièrement rare, mais les objets découverts par EMILE CHANEL au début du siècle, donnent une fourchette entre la fin du 1 er siècle et le IV ème siècle.
Quelques tessons de céramique non tournée, atypiques et considérées comme erratiques, indiquent la proximité d’un site protohistorique.
Des observations antérieures à l’occasion de travaux concernant l’actuel stade de football d’ORINDIS, permettent de suggérer que les vestiges du terrain sondé constituent la partie orientale d’un vaste établissement gallo-romain qui s’étend sur plusieurs hectares !!!!
Il n’est pas possible de préciser le type d’occupation : vaste établissement rural ou petite agglomération (l’ORINDIS de la tradition locale).
On soulignera l’intérêt d’une occupation longue (du haut au bas empire) d’une position à un carrefour important de voies de communication : lac et cluse de NANTUA, vallées de l’Oignin et de l’Ange, et on rappellera enfin la proximité de la bourgade antique d’IZERNORE, mentionnée comme « vicus » (village) au VI ème siècle.
SONDAGE N° 1
Dans la partie ouest, les vestiges sont à moins de 0,20 m sous le niveau du sol.
A l’ouest, les sols sont inégalement conservés, la surface lissée d’origine apparaissant en plaques irrégulières et présentant une teinte rougeâtre qui évoque une combustion (incendie ?).
On note à l’ouest un gros cailloutis.
Ce mur parait comporter, au sud, un contrefort assez large.
L’espace délimité semble correspondre à l’adjonction d’une pièce contre l’ensemble du mur.
Le niveau de destruction ou d’abandon est toujours marqué par la présence de tuiles, assez largement mélangées à la surface des alluvions naturelles.
SONDAGES N° 2 et 5
Dans la partie ouest des sondages, les vestiges sont à – 0,30 / – 0,40 m sous le niveau du sol, et dans la partie médiane à – 0,40/-0,50 m.
A l’est du sondage, un niveau de tuiles à – 0,60 m.
A l’ouest du sondage, un niveau de tuiles à – 0,60 m montre bien la limite des niveaux du terrain vierge.
Les vestiges sont très érodés ou détruits dans la parie médiane ou orientale des sondages.
Le sondage n° 2 a livré un élément de placage en marbre ou calcaire fin (garniture murale).
SONDAGES N° 3 et 4
Ces deux sondages ont permis de mettre en évidence un bâtiment complexe et important qui présente des indices intéressants de chronologie relative : plusieurs adjonctions ont été faites à un volume initial rectangulaire, apparemment de type « maison en longueur », doté, semble-t-il, d’au moins un ou deux hypocaustes, (fourneaux souterrains )servant à chauffer les pièces du bâtiment, et peut-être d’une galerie au nord et d’une ou deux au sud.
Certains murs ne sont conservés qu’au niveau des fondations non maçonnées.Les maçonneries sont bordées au sud par ce qui paraît être un empierrage : circulation ou galerie.
L’évolution du bâtiment doit être clairement lisible en raison de la diversité des modes de construction.
Il s’agit d’un édifice assez important , 45 m de longueur et 23 m de largeur, correspondant à une superficie globale de l’ordre de 1000 m2
INTERPRETATION ET CONCLUSION
Les vestiges observés, en dépit de la rareté du mobilier significatif, sont indubitablement attribuables à l’époque romaine.
Les fouilles d’E. CHANEL avaient permis de recueillir divers objets, dont des monnaies de « Domitien à Constantin ».
(Domitien: 81-96) | (Constantin: 306-337)
Quelques indices militent également en faveur d’une occupation postérieure au 1 er siècle après J.C.: le placage de marbre du sondage n° 2; La présence d’hypocaustes (système de chauffage ) à canaux rayonnants.
De très rares tessons de céramique non tournée ont été recueillis.
Nous devons les considérer comme erratiques, mais ils témoignent de la proximité d’un site protohistorique.
Faute de connaître le plan d’ensemble du site, il n’est pas possible pour l’instant de trancher définitivement entre les deux hypothèses suivantes:
-« vicus » (village-quartier), concurrent ou dépendant de celui d’IZERNORE, ou
-grande « villa » (ferme) rurale comme il en existe à partir du second siècle.
Cependant, les vestiges correspondent très certainement à des structures d’habitat.
La chronologie évoquée (entre la fin du 1er siècle et le IV ème siècle) mérite une attention toute particulière.
La zone où les vestiges architecturaux sont conservés est bien délimitée.
Les fondations, les murs et les sols sont inégalement préservés.
Les maçonneries dénotent une indéniable qualité: solidité des mortiers, régularité des appareils, présence de sol en « terrazo ».
Les traces d’hypocaustes (chauffage) confortent cette impression de qualité et de confort.
Cependant, en dehors d’un élément de placage, les éléments de décoration sont absents: pas de traces d’enduits peints, ni de mosaïque, les purges du début du siècle en sont la raison.
Enfin, une parcelle voisine et les terrains municipaux voisins recèlent certainement
des vestiges isolés: fosses protohistoriques, ou sépultures, entre autres.
ANNEXE : DECOUVERTES ARCHEOLIQUES A MONTREAL LA CLUSE : (d’après M.A. BUISSON)
EN 1905-1906:
– Découverte d’un ensemble de construction d’époque romaine avec au moins quatre habitats et deux caves, dans la propriété Grandjean, ( une villa avec deux hypocaustes (chauffage) et une piscine, des enduits peints, des traces d’incendie; dans les propriétés Gevry, des clous et pitons, des mors de cheval, des boutons en bronze, dont un en forme de bourgeon floral, une fibule (épingle) à arc aplati, des fragments de vases, de garnitures d’aiguière (vase), de patère (coupe antique évasée), un couvercle de petit vase, une tasse.
– MONNAIES : 53 monnaies de Domitien à Valentinien 1er ( Domitien : 81-96. Valentinien 1er : 364-375), un sesterce de Lucius Verus (136-138) à fleur de coin,
percé pour former un pendentif , quelques-unes indéterminées.
UNE PARTIE EST DEPOSEE AU MUSEE DE BROU.
– OBJETS EN FER: chaînes, chaînettes, chenets, tisonnier, gonds, poignées, pentures(gond-charnière), clous, crampons, crochets, fragments de poêle, 3 balances, 3 petits plateaux adaptables sur les balances, des outils ( débris de ciseaux, une hache, des pinces, une faucille, quatre couteaux, des instruments domestiques, deux clés, des pesons(instruments de pesage), des douilles, des outils de tonnelier.
– OBJETS EN PLOMB : rondelle, tuyau, joint, curseur de balance
– N.B : Auparavant, vers 1886, on avait déjà découvert 228 monnaies
– A environ 60 mètres du site fouillé par E. CHANEL, lors de travaux de pose de canalisations en 1990, on a relevé la présence de tout un ensemble de murs d’époque romaine, des traces d’un ensemble thermal, avec une monnaie fruste, des objets fragmentaires en plomb et en fer.
On a trouvé également des tessons de poterie peut-être protohistoriques.( époque comprise entre la préhistoire et la période historique) en conclusion, CITONS M. EMILE CHANEL
– Nous venons de connaître l’emplacement d’une petite localité gauloise d’abord, puis gallo-romaine, ORINDIS, qui fut brûlée et saccagée par les vandales Burgondes( ancien peuple d’origine scandinave), lors de l’invasion de 406-441.
– A cette petite localité gallo-romaine succéda, quelques siècles après sa destruction, et sur un emplacement voisin, la paroisse de SENOCHES, qui disparut après avoir été peu à peu absorbée par le village actuel de MONTREAL.
PARLONS RAPIDEMENT DE LA VOIE ROMAINE
La grande voie romaine de VIENNE à SAINT-CLAUDE, passait par MONTREAL :
LES VILLES TRAVERSEES : VIENNE – HEYRIEU- PONT DE CHERUY- CHAZEY SUR AIN – AMBERIEU OU CHATEAU-GAILLARD – AMBRONAY- NANTUA- MONTREAL – IZERNORE – ARBENT – ST CLAUDE.
C’est ainsi qu’à l’époque de des Césars Maurice et Phocas ( 582-602, 602-610), le Saint
homme AMAND , cherchant une vie solitaire, arriva dans une petite cité appelée « ORINDICEM » cité bien défendue par des tours et de hautes murailles, avec une forteresse remarquable – plaine fertile en pâturages , plantée de bois, favorable à la pêche et à la chasse.
A quelle époque a été détruite la petite cité d’ORINDIS ?
Est-ce en l’an 406, alors que, suivant la chronique de Prosper, Arcadius VI et Probus , les Vandales (peuple germanique) et les Alains (ancien peuple barbare originaire de la Caspienne) passèrent le Rhin et envahirent les Gaules?
Il peut être affirmé que ce sont bien les BURGONDES qui ont brûlé et saccagé la petite cité d’ORINDIS au commencement du Vème siècle.
ORINDIS, QUEL VILLAGE ?
Ce petit village était d’origine celtique ou gauloise.
Son nom le prouve.
En effet, le Lange n’est que l’ancien Ingis, du vieux celtique in, inn, qui « sort d’une source ». Le sens tout à fait celtique serait « ville de l’Ingis ».
On signalera que tous les objets en bronze récoltés sur les fouilles, sont certainement d’art gaulois et fournissent un argument en faveur de l’ancienneté de cette petite localité.
Quand la conquête romaine fut un fait accompli, ORINDIS se développa et s’embellit.
DESTRUCTION DE LA VILLE
ORINDIS fut brûlée au Vème siècle.
Invasion des Suèves(tribus de Germanie), des Alains et des Vandales.
Une armée de 80.000 BURGONDES s’établit dans notre région et firent de VIENNE leur capitale.
Ils envahirent notre pays par les belles voies romaines et, c’est ainsi qu’ils brûlèrent ORINDIS avec sauvagerie.
LA SUITE, VOUS LA CONNAISSEZ, MONTREAL FUT CREE ET LES HABITANTS VINRENT SE REFUGIER SOUS LA PROTECTION DU SEIGNEUR DE MONTREAL, après avoir séjourné dans le village de SENOCHES.
Et de nos jours MONTREAL LA CLUSE NE CESSE DE SE DEVELOPPER…en paix.