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La guerre des habitants de Nantua contre ceux de Montréal.

LA GUERRE DES HABITANTS DE NANTUA CONTRE CEUX DE MONTREAL

par Raymond Burgod (d’après M. Louis COGNAT)

Pendant tout le Moyen Age, il y eu une sorte de duel entre NANTUA et MONTREAL. D’un côté du lac, les Abbés de NANTUA, de l’autre les Sires de THOIRE se battirent avec rage.

Qui étaient donc les chefs des deux parties ?

Les habitants de MONTREAL marchaient avec vaillance, sous la direction de leurs Seigneurs, les Sires de THOIRE et VILLARS, forts de leurs alliances de haut rang avec des familles de haute noblesse. Aussi, ces seigneurs devinrent-ils rapidement les plus puissants de la contrée.

Leur cri de bataille était : “VILLARS”. Leur sceau représentait un homme à cheval et armé, l’épée nue à la main droite et le bouclier à la main gauche. Le sceau de leurs femmes était une femme à cheval, un oiseau sur le poing ou debout une fleur à la main.

EN FACE des sires de THOIRE ET DE VILLARS, étaient les Abbés de NANTUA. Ceux-ci ne possédaient que le territoire actuel de la ville de NANTUA avec quelques villages voisins. Mais, ils pouvaient avoir recours à l’abbaye de CLUNY. Les habitants de NANTUA étaient très habiles à manier l’arc. Le cri de guerre de NANTUA était “SAINT PIERRE DE NANTUA”.

Tels étaient les deux adversaires qui allaient se mesurer ! La lutte promettait d’être chaude et acharnée !

Nombreuses furent les causes qui firent déclencher la guerre.

Mais, la cause immédiate de la guerre fut la reconstruction du château de BRION.
En effet, sur l’emplacement où Charles le Chauve avait rendu le dernier soupir, le Sire de THOIRE, Seigneur de MONTREAL, fit édifier un château neuf. C’était mécontenter l’Abbé de NANTUA, qui considéra que cette forteresse présentait une menace pour le commerce de l’Abbaye. Cette reconstruction du château de BRION mit le feu aux poudres.

La “grande guerre” entre NANTUA et MONTREAL eut principalement lieu au milieu du 13ème siècle. Toutefois, avant d’en venir aux mains, les deux adversaires tentèrent d’épuiser tous les moyens de conciliation, en utilisant la médiation de l’Archevêque de LYON.

Hélas, le château de BRION ne pouvait rester aux mains de puissants Seigneurs de MONTREAL. Il fallait absolument, pour NANTUA, régler cet épineux problème de suprématie.

C’est alors que NANTUA fortifia sa ville en reconstruisant des murailles, en tentant d’en faire une ville forte.

Du côté de MONTREAL, ETIENNE II, SIRE DE THOIRE mourut et fut remplacé par sa femme BEATRICE DE FAUCIGNY, qui avait la tutelle de son fils mineur, HUMBERT III.

BEATRICE était de la race vaillante de ces femmes du Moyen Age ; elle adorait guerroyer contre son ennemi, conduisant elle-même ses troupes au combat.

Elle déclara rapidement la guerre au prieur de NANTUA, et pour commencer, elle fit pendre aux fourches patibulaires du “Molard”, un pauvre diable de NANTUA qui pêchait à la sortie du lac. Aussitôt, les habitants de NANTUA prirent les armes. Ils se divisèrent en deux parties, qui devaient attaquer, l’une MARTIGNAT et l’autre MONTREAL.
MARTIGNAT, surpris, fut détruit par le feu.

Ce fut très différent à MONTREAL :

Les Nantuatiens dépendirent le pauvre pêcheur et le clouèrent à la porte du château fort de MONTREAL en signe de vengeance. Durant cette opération macabre, les archers de NANTUA surprirent le jeune Sire de THOIRE, Seigneur de MONTREAL, qui chassait dans les marais de BRION.
Il fut conduit à NANTUA et emprisonné. Aussitôt, les habitants de MONTREAL jurèrent de le délivrer. Béatrice de FAUCIGNY ordonna d’attaquer NANTUA et de délivrer ainsi son fils.
Les Nantuatiens, massés près de MONTREAL, attendaient le retour de leurs alliès qui avaient attaqué le château de MARTIGNAT.
Pour MONTREAL, Aimé de BALMEY s’élança avec ses fougueux chevaliers contre les Nantuatiens. LE CHOC FUT TERRIBLE.
Les archers Nantuatiens, harcelés par de redoutables guerriers, se replièrent jusqu’à LA CLUSE et se retirèrent pour se protéger de la cavalerie de MONTREAL.
Hélas, Aimé de Balmey a été blessé par la chute de son cheval.
Il donna le signal de la retraite à ses beaux chevaliers caparaçonnés d’or, face à des bourgeois armés simplement d’arcs et de piques.
Mais MONTREAL, vaincu, voulait sa revanche. Il obtint vite satisfaction.
Fort de son alliance avec SAINT MARTIN, MONTREAL attaqua NANTUA par la porte FAURIOT, près du lac. SAINT MARTIN attaqua NANTUA, après avoir traversé CHAMOISE. Les étendards sont déployés et le cri de guerre rententit : “villars…”.

Les Nantuatiens se portèrent tous à la défense de leurs murailles. Mais, les habitants de ST MARTIN MIRENT le feu à deux voitures de paille et rapidement les flammes s’élevèrent jusqu’au sommet des murailles, et les Nantuatiens durent abandonner leur poste. La porte d’entrée prit feu.

Alors, par la brèche ouverte, tous les habitants de ST MARTIN armés de faux, de fourches et de bâtons firent irruption dans la ville.

De son côté, MONTREAL sous les ordres d’Aimé du Balmey, fit céder la porte Faurot, près du lac, et les deux troupes alliées firent irruption dans la ville et se précipitèrent vers l’abbaye. Le prieur signa une capitulation et rendit le jeune Comte HUMBERT III.

Béatrice et Aimé du Balmey, incités à calmer leur désir de mettre la ville à feu et à sang, acceptèrent de signer une entente aux termes d’un dernier traité, grâce à l’arbitrage de JEAN, COMTE DE BOURGOGNE. Par ce traité de 1251, les possessions des Sires de THOIRE et des Abbés de NANTUA reçurent une limite nette et définitive : ce fut le Molard de PORT, où étaient élevées les sinistres fourches patibulaires.

Ainsi se termina le long et sanglant duel entre NANTUA et MONTREAL.

Depuis lors, l’entente régna entre les deux villes voisines, et n’a cessé de régner.

AMIS DE PASSAGE, soyez entièrement rassurés, le calme est bien revenu.

Et depuis fort longtemps, plus personne n’a entendu le double cri de guerre :

VILLARS (pour MONTREAL)

SAINT PIERRE DE NANTUA (pour NANTUA)